Qu'est ce que l'arthrose du genou (gonarthrose) ?
L'arthrose du genou (Gonarthrose) est une maladie degenérative qui provoque un vieillissement et une dégradation du cartilage qui tapisse une articulation . Les symptômes cliniques incluent une douleur articulaire, une sensibilité, une raideur, un blocage (lorsque le genou est incapable de se redresser complètement) et parfois un épanchement (liquide dans l'articulation). Le genou est généralement moins douloureux au repos, et plus douloureux avec une activité soutenue. Le genou peut parfois "céder" (pseudo instabilité) . Dans les cas plus évolués, la douleur peut survenir au repos et même en nocturne ce qui peut nuire au sommeil.
Il existe de nombreuses causes de Gonarthrose primaire ou secondaire.
- Gonarthrose primaire: De loin la plus fréquente, elle est liée au processus de vieillissement naturel du cartilage et survient généralement chez les personnes âgées. Sa cause est complexe, avec une composante génétique et survient dans des articulations précédemment intactes et n'ayant aucun facteur déclenchant apparent.
- Gonarthrose secondaire: peut être le résultat de nombreuses pathologies qui peuvent affecter une articulation.
. Pathologies Rhumatismales: polyarthrite rhumatoïde, lupus etc..
. Séquelles de traumatisme articulaire du genou: fractures, microtraumatimes sportifs, rupture du LCA non traitées chirurgicalement
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de développer une arthrose du genou.
- Risque héritaire
- Obésité, surpoids
- Vieillissement
- Sexe féminin : 10% des femmes de plus de 65 ans souffrent d'arthrose du genou
- Traumatismes du genou
- Instabilité du genou ( rupture LCA) et absence de ménisque (réséction arthroscopique)
- Charges professionnelles lourdes
- Sports à fort impact
- Inflammation aiguë ou chronique du genou
Quand dois-je consulter un chirurgien spécialisé ?
La consultaion auprès d'un chirurgien orthopédiste spécialisé doit être envisagée au plus tôt pour définir les modalités du traitement qui pourra se faire en collaboration avec le médecin traitant et le rhumatologue et qui devra toujours proceder par paliers successifs jusqu'à la décision de mise en place de la prothèse de genou. Le chirurgien spécialisé doit néanmoins être LE REFERENT PRINCIPAL! La gonarthrose est en effet une pathologie mécanique avec des options chirurgicales variées qui doivent faire l'objet d'indications adaptées et mesurées, ce qui peut retarder l'echéance des prothèses totales de genou que l'on doit reserver en dernière intention et au plus tard.
Le chirurgien specialisé pourra par exemple proposer des interventions chirurgicales moins aggressives permettant de calmer les douleurs et retarder l'évolution de l'arthrose et l'echeance de la prothèse totale du genou ( PTG) :
- réparation d'un LCA rompu
- correction d'une déviation de l'axe du genou : Ostéotomie tibiale de Valgisation
Prothèse uni compartimentale du genou (PUC)
- correction de malformation rotulienne
Comment se déroule la consultation avec le chirurgien spécialisé ?
Initiée par le médecin traitant, le rhumatologue ou volontairement, cette première consultation permettra de confirmer le diagnostic d'arthrose du genou (Gonarthrose), d'évaluer la sévérité de l'arthrose et de programmer un projet thérapeutique à court, moyen et long terme. Il est conseillé de se rendre à cette consultation, avec au minimum une radiographie des deux genoux et du bassin . Ces radiographies devront être réalisées en charge (debout). Cette consultation est relativement codifiée et comporte des étapes essentielles :
- a/ Interrogatoire : On précisera le sexe, l'âge, le poids, la taille, les activités socio-professionnelles et les antécédents médico-chirurgicaux.
- Douleurs :
- Localisation
- Date du début d'apparition
- Rythme des douleurs (inflammatoires, mécaniques ou mixtes)
- Evolution des douleurs dans le temps
- Efficacité des traitements médicaux
- Tolérance et retentissement sur les activités socio-professionnelles
- Périmètre de marche : Il s'agit de la distance, en mètre ou en minute, qu'il est possible de réaliser, avant de devoir s'arrêter à cause de la douleur. C'est une donnée importante pour la décision thérapeutique.
- Douleurs :
- b/Examen clinique :
Cet examen sera réalisé, debout et couché, de façon comparative avec le côté sain :- 1/ Examen debout :
- Boiterie
- Appui monopodal : On étudie l'appui sur une jambe, en comparaison avec le côté sain. Cet appui peut être impossible du côté pathologique, en cas de grande insuffisance musculaire et/ou de grande douleur. L'appui monopodal peut être possible et dans ce cas, il faudra noter, s'il est stable ou instable.
- Déformation axiale: recherche d'une déformation des genoux pouvant aggraver l'arthrose comme les genou arqués (genu varum)
- 2/ Examen couché :
- Mobilités des genoux : On étudiera la souplesse des genoux , en flexion et en extension. Dans les formes débutantes, la souplesse reste conservée, puis progressivement, une raideur s'installe
- Douleur provoquée : Le spécialiste cherchera à provoquer la douleur, par la palpation des différentes zones du genou concerné.
- Examen musculaire du quadriceps et ischiojambiers:
- 1/ Examen debout :
- c/ Analyse des examens complémentaires :
- Radiographie standard : La radiographie standard est suffisante dans la majorité des cas: elle révèle un pincement de la surface articulaire plus ou moins important en fonction de la gravité de l'arthrose
2. Quelle est l'utilité d'un scanner ou d'une IRM de hanche, pour le diagnostic d'une arthrose du genou :
L'intérêt du scanner est modèste, par contre l'IRM sera essentielle dans les formes débutantes ne présentant pas encore de pincement radiologique apparent
- d/ Quelles sont les conclusions du chirurgien spécialiste du genou, après la consultation ?
Au décours de la consultation spécialisée, trois grandes orientations thérapeutiques peuvent être distinguées :- Il ne faut pas proposer de prothèse du genou :
- Chez les patients trop jeunes avec une Gonarthrose débutante.
- Chez les patients présentant un doute diagnostic : chez ces derniers, le bilan sera poursuivi en fonction de l'orientation clinique.
- Pour tous ces patients, il faudra mettre en œuvre ou poursuivre la prise en charge médicale détaillée plus bas.
- Il faut proposer la mise en place d'une prothèse de genou :
Tout patient de plus de 7O ans présentant une arthrose de genou, avec un ou plusieurs critères de gravité, doit faire poser l'indication de la mise en place d'une prothèse de genou en première intention : - l'indication d'une prothèse de Genou peut éventuellement se discuter :
C'est la situation la plus fréquente! En fonction des critères d'examen, de l'évolution des signes et du retentissement socio-professionnel, le chirurgien devra discuter de l'opportunité de la mise en place d'une prothèse de genou avec le patient, en évaluant le rapport entre les bénéfices et les risques de cette intervention.
Si, la prothèse est retardée, le patient sera ré-adressé à son médecin traitant, pour poursuivre la prise en charge médicale adaptée. On proposera un traitement d'attente spécifique qui peut être efficace pendant des années (acide hyaluronique, arthroscopie lavage, correction de malformation axiale, prothèse uni compartimentale) On préconisera de façon systématique une consultation annuelle avec le spécialiste, pour réévaluer la décision thérapeutique, selon les mêmes critères.
- Il ne faut pas proposer de prothèse du genou :
Comment traiter l'arthose du genou ?
1. Règles de vie :
Le traitement initial de l'arthrose consiste à essayer de modifier l'activité pour éviter la douleur et d'autres dommages. Des exercices d'impact tels que la course doivent être évités. Des activités sportives telles que la natation ou le cyclisme sont vivement conseillées.
La perte de poids peut avoir un effet important sur la douleur . Des études ont démontré que la perte d' 1 kilogramme de poids corporel entraîne une réduction d'environ 4 kilogrammes de pression dans l'articulation du genou en marchant. Cela signifie que la douleur peut être améliorée avec la perte de poids, car elle diminuera le pression sur l'articulation. La perte de poids a un rôle important dans la prévention de l'arthrose, avec de nombreuses études révélant l'association de l'obésité et de l'arthrose; Une étude a montré une réduction de plus de 50% du risque d'arthrose avec chaque perte de 5 kg chez une femme de taille moyenne!
Une atelle de soutien ou des semelles valgisantes peuvent être utiles chez les patients dont l'arthrose se limite à la partie interne (médiale) du genou. Elles déplacent une partie de la charge de poids de l'autre côté du genou, réduisant la douleur.
2 . Traitements médicaux :
Des analgésiques simples tels que le paracétamol ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent aider à maintenir l'activité. L'efficacité des suppléments diététiques tels que la glucosamine ou la chondroïtine est discutable, avec quelques études montrant une réduction de la douleur, mais d'autres ne montrant aucun avantage.
. Infiltration de stéroïdes: peuvent produire un soulagement temporaire pendant plusieurs semaines, mais leur effet est quelque peu imprévisible. Les injections répétées de stéroïdes augmentent le risque d'infection ou de dépôt de cristaux anormaux dans l'articulation appelée chondrocalcinose.
. Infiltration avec de l'acide hyaluronique: aussi appellée viscosupplementation, elle peut également produire un soulagement pouvant durer plusieurs mois . Comme avec les stéroïdes, l'effet de la viscosupplémentation est imprévisible, et des injections répétées peuvent être nécessaires.
- Le plus souvent je propose à mes patients l'association dans le même temps d'une infiltration de stéroïdes et d'acide hyaluronique
3 . Lavage articulaire Arthroscopique:
En cas d'inefficacité de ces infiltrations, on peut proposer un lavage articulaire sous arthroscopie (voir rubrique arthroscopie du genou) qui permettra de nettoyer le genou des débris d'usure, voire de resequer des lésions des ménisques associées. On devra y associer une nouvelle viscosupplementation qui pourra être éfféctuée immédiatement à la fin de l'intervention ou 3 à 4 demaines plus tard
4 . Chirurgie:
En fin de compte, si la douleur persiste malgré les traitements ci dessus et vous empêche d'effectuer votre travail, vos loisirs et vos activités quotidiennes , une intervention chirurgicale peut s'avérer nécessaire, que ce soit une chirurgie retardant l'évolution de l'arthrose ( réparation de LCA, corréction de malformation axiales), une chirurgie prothétique moins aggréssive par la mise en place d'une prothèse partielle appelée Prothèse unicompartimentale (PUC), ou bien dans les formes les plus avancées une prothèse totale du genou (PTG)